L'ancien président Nicéphore Soglo a vivement réagi à la démolition du siège inachevé de l'Assemblée nationale à Porto Novo, exprimant sa colère en raison de l'absence de sanctions visant les responsables de ce scandale financier. Le vice-président du Forum des anciens chefs d'État et de gouvernement a exigé que des mesures sévères soient prises contre toutes les personnes impliquées dans ce projet désastreux, baptisé le "musée de la corruption."
Pour comprendre pleinement la situation, il est essentiel de revenir sur les origines de cette affaire. Le nouveau siège de l'Assemblée nationale était un projet qui avait été initié en 2002 avec un coût prévisionnel de 18,5 milliards de francs CFA. Les travaux ont débuté en novembre 2008, avec un délai contractuel de deux ans. Malheureusement, le projet a été suspendu pendant 43 mois, laissant le bâtiment inachevé et entraînant des dépenses considérables.
Un audit diligenté sur le projet a révélé l'ampleur du scandale financier. L'audit, réalisé par le cabinet UCL en novembre 2017, avec des conclusions publiées en mars 2018, a mis en lumière des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du projet. Il est apparu que le taux d'exécution physique (45%) était en déphasage avec le taux financier (57%). En outre, pour achever le projet, il aurait fallu investir près de 22 milliards de francs supplémentaires, portant ainsi le coût total du projet à plus de 45 milliards de francs CFA.
Le ministre du Cadre de vie, Didier Tonato, a averti la représentation nationale bénéficiaire du projet que le déboursement des montants supplémentaires ne garantissait pas la fiabilité et la durabilité de l'ouvrage. L'audit technique a révélé divers problèmes, notamment l'absence d'études approfondies du sol et le défaut de permis de construire. L'ingérence du gouvernement d'alors pour pallier la défaillance du maître d'ouvrage délégué, Sehrau SA, a également été identifiée comme un facteur ayant contribué à rendre le projet non productif.
La situation a suscité l'indignation de Nicéphore Soglo, qui a dénoncé l'absence de sanctions et la disparition des preuves de la corruption présumée. Le gouvernement, sous la présidence de Patrice Talon, a choisi de procéder à la démolition du siège inachevé plutôt que de poursuivre les travaux coûteux pour achever un bâtiment dont la viabilité était remise en question.
La colère de Nicéphore Soglo met en évidence la complexité de la lutte contre la corruption et de l'application de sanctions dans un contexte politique sensible. La question qui se pose désormais est de savoir si des mesures sévères seront prises contre les responsables de ce projet, et si cela constituera un pas significatif vers une gouvernance plus transparente au Bénin.
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